jeudi 27 mars 2014

Entretien avec Baptiste et Pierre-Charles de BE Sports Consulting

Pierre-Charles et Baptiste sont tout juste diplômés du Master 2 Management Du Sport de Caen. Ils ont créé BE Sports Consulting, une agence de conseil en communication et marketing dans le sport. Vous pouvez d'ailleurs suivre leurs aventures sur le blog du Master MDS. Pierre-Charles Binet (PCB) a 24 ans. De Saint-Lô, il y pratique le baseball. Il a d'ailleurs collaboré avec la fédération française de baseball sur le championnat d’Europe junior qui s’est tenu à Toulouse en 2012. Il a aussi participé à la refonte de la politique sportive de haut niveau du conseil général de la Manche et travaillé pour l’agence Exaequo communication. Baptiste Eudes (BE) a 27 ans. Il a eu une première expérience au Comité Départemental Olympique et Sportif du Calvados avec notamment l’organisation de la Fête du Sport et de la soirée du Fair-Play. Il s'est ensuite spécialisé dans le digital avec un stage de 6 mois dans l’agence Exaequo. Comment se lance t-on dans une telle aventure à la sortie des études? Entretien avec Baptiste et Pierre-Charles.

Vous êtes diplômés du master MDS depuis maintenant octobre 2013, nous sommes en mars 2014 et les statuts de votre entreprise viennent d’être déposés. Comment est née la genèse de ce projet entrepreneurial ?

BE : À la base ça part d’une plaisanterie le dernier jour des soutenances en octobre 2013. Avec Pierre-Charles on se dit pourquoi ne pas se lancer dans l’auto entreprenariat, moi avec une auto entreprise de conseil digital ou CM en freelance. Pierre-Charles réfléchit à monter quelque chose de son côté, l’idée mûrit et deux mois après il revient me voir avec un projet solide et bien avancé. S’il avait eu un stylo avec lui j’aurais signer de suite, sauf qu’il m’a quand même fallu un mois de réflexion, le temps d’étudier le pour et le contre, et d’appréhender les difficultés éventuelles.

Alors justement qu’est ce qui entre en compte pour se décider à se lancer dans un projet entrepreneurial ?

BE : Il faut réfléchir sur du long terme. Il faut accepter de se mettre en danger financièrement et de ne pas avoir de salaire au début de l’activité mais à côté de ça il faut investir une certaine somme d’argent, conséquente pour des étudiants qui viennent d’obtenir leurs diplômes. C’est surtout l’aspect financier qui m’a fait réfléchir.
PCB : Pour ma part c’était un peu différent puisqu’à ma sortie d’études, je suis rentré vivre chez mes parents chez lesquels je vis toujours. Notre siège social est d’ailleurs installé dans la maison familiale. Je me suis aménagé un bureau chez moi. Peu de temps avant la fin de mon stage j’ai été approché pour du travail mais comme on ne pouvait pas m’embaucher on m’a conseillé de devenir auto entrepreneur. J’ai étudié la situation, j’ai vu que c’était une structure intéressante mais qui moi ne m’offrait pas assez de perspectives. Dans le cas où l’activité fonctionnerait bien les démarches administratives pour changer de statut étaient relativement compliquées et l’auto entreprise pouvait déboucher sur des soucis financiers en termes de cotisations.
Je me suis pas mal renseigné, j’ai parlé avec des personnes qui avaient monté leurs propres structures en individuel et la phrase qu’elles me ressortaient tout le temps était : « si c’était à refaire je le ferais pas tout seul ». 
J’ai commencé à réfléchir, la première fois où Baptiste m’avait proposé de monter un projet tous les deux, je lui avais dit non parce que je ne voulais pas mélanger l’amitié et le travail et puis je me demandais s’il y avait du boulot pour deux. Au final, si on veut rendre un truc quali, moi j’ai des compétences, Baptiste en a d’autres, on est pas du tout sur les mêmes secteurs d’activités (dans nos compétences) on est hyper complémentaires et humainement ça se passait bien donc je suis arrivé avec mon projet de SARL et puis je lui ai vendu la chose.



Pourquoi une SARL? Vous investissez de l’argent dedans ?

PCB : On a investi 2500€ chacun de capital social
BE : Pour créer une SARL il faut être minimum deux personnes et investir 1€ de capital de départ. Mais il ne faut pas se voiler la face et on savait très bien qu’avec 1€ d’investissement nous n’irions pas bien loin, ne serait-ce déjà que pour payer toutes les démarches administratives liées à la création propre de la société : dépôt des statuts, publication dans le journal officiel.
PCB : La publication dans le journal officiel coûte 250€. Il y a d’autres frais qui rentrent en compte comme l’expert juridique qui va suivre nos contrats par exemple.
Au delà de ça, nous sommes sur deux secteurs géographiques différents : moi dans la Manche et Baptiste en Seine Maritime. C’est une force car on ne va pas se marcher dessus et pouvoir démarcher deux régions différentes.
BE : Pour revenir sur la SARL et ça nous semble important de le préciser, en choisissant ce type de structure nous n’engageons pas nos biens personnels. Si notre affaire ne fonctionne pas et que nous sommes contraints d’y mettre un terme, nous n’aurons engager que le capital initial. 


Baptiste Eudes : @EudesBaptiste
A qui s’adresse BESP et quels services proposez-vous?

PCB : On a deux produits phares et un produit d’appoint dirons nous. 
Notre premier cœur d’activité est le conseil en communication et marketing. 
On va proposer des solutions de stratégie commerciale et de communication pour tous les acteurs du sport. Nous avons décidé de ne pas nous adresser seulement aux clubs. mais de toucher également les comités départementaux, les ligues régionales, les fédérations.
Notre deuxième offre est la gestion d’image pour ces mêmes acteurs. Cette offre est également ouverte aux sportifs à l’échelle individuelle, notamment sur les réseaux sociaux. Mais cette gestion d’image sera également print et média. C’est une offre évolutive.
Le troisième produit consiste en des séminaires de sensibilisation à l’utilisation des réseaux sociaux pour les jeunes sportifs dans les structures d’accès à haut niveau (pôle France, pôle Espoirs, sport-études) On s’est rendu compte qu’i l y avait pas mal de risques pour eux sur ces médias là, ils pouvaient se griller une carrière bêtement ou du moins manquer des opportunités de rentrer dans des clubs intéressants juste parce qu’ils ne géraient pas correctement leur image.

Vous avez déjà décroché des contrats ? 

PCB : On a signé notre premier contrat la semaine dernière !! On va faire la régie publicitaire pour le grand prix de l’U.E.T à Mauquenchy (championnat d’Europe de trot). En plus de celui du grand prix de l’U.E.T, on va probablement être sur la gestion d’image digitale d’un sportif bas-normand. 



Vous avez fait un business plan ? Vous avez des objectifs ?

BE : Avec KPMG notre cabinet d’expertise comptable basé à Saint-Lô, on a établi un business plan sur trois ans. Pour parler chiffres, si on veut se verser un salaire de 600€ chacun pour commencer, on doit ramener 50 000€ la première année, 53 000 la deuxième et 57 000 la troisième. 
PCB : Et on t’épargne les virgules… Ce qu’il faut prendre en compte aussi, c’est qu’on part sur un système de TNS (Travailleur Non Salarié), cela signifie qu’on a l’obligation pour cotiser de se verser 600€/mois lissées sur l’année de l’exercice. Concrètement on peut se verser 1200€ pour un mois et rien celui d’après. On s’adapte en fonction des rentrées d’argent et ça nous permet de cotiser pour nos trimestres pour la retraite. Par contre c’est un statut qui peut paraître un peu dangereux dans le sens où si demain la société se plante et qu’on rentre plus d’argent on ne touchera pas le chômage. 

Vous êtes tous les deux diplômés du Master Management du Sport. De votre point de vue, quels sont les atouts et les limites de la formation universitaire que vous avez reçue dans le cadre de votre projet ?

PCB : Déjà elle nous a permis de développer le savoir faire du cœur de nos activités, c’est indéniable. On a vu et rencontré des gens vraiment intéressants. Mais il n’y a pas de module concernant la formation ou la création d’entreprises. Ca serait intéressant de se rapprocher de la CCI pour proposer ce genre de modules optionnels. À savoir si ça serait vraiment utile ? Moi quand j’ai fait mes choix de cours je me suis pas dit que j’allais monter ma société en 2014, alors que finalement j’en aurais peut-être eu besoin ! 
En terme interne, il y a tout l’aspect de gestion : c’est un peu ce qui nous a fait défaut. 
BE : Face au choix des cours en début d’année, on sélectionne ceux qui nous plaisent en zappant ceux qu’on pense sans intérêt ou trop difficiles (droit, finance, compta… pour ma part) et au final ce sont justement ces cours qui nous servent dans le cadre de notre projet. 
Au delà de ça une des grandes forces de cette formation universitaire est de mettre à notre disposition
Pierre-Charles Binet : @PCBinet
des intervenants extérieurs issus du monde professionnel pour des cours ou des conférences. On a parlé de Samuel Chevret tout à l’heure, c’est un intervenant qu’on a eu en cours de droit et c’est lui que nous avons été voir pour avoir des renseignements sur les types de contrat pour notre société. Il a été bienveillant avec nous et n’a pas hésité à nous recevoir quand on l’a sollicité donc merci le réseau universitaire.C’est une formation qui donne également beaucoup de confiance en soi, on est souvent mis à contribution pour des dossiers, des oraux. 
PCB : Le travail qu’on fait aujourd’hui, on le faisait pour des dossiers pour les cours. 
BE : Les offres et stratégies de communication digitale qu’on propose pour BE Sports Consulting sont des choses que j’ai abordées dans mon mémoire de fin d’études et dont je me ressers.
PCB : Il y a un mot que tu as utilisé et que j’aime bien c’est le terme « bienveillant ». 
Baptiste a mis un mois à se décider et moi à un moment je me suis dit qu’il n’allait pas venir. J’ai commencé à chercher quelqu’un d’autre et j’avais autour de moi que des gens bienveillants, avec des bons retours concernant le projet de la société. Je répétais à Baptiste que les gens autour étaient prêts à nous faire travailler et qu’ils avaient confiance en nous. Il y avait beaucoup trop de conditions favorables pour qu’on passe à côté de la création de notre société. On sort d’études et je me dis qu’on pourra pas nous reprocher d’avoir tenté l’aventure. 

Vous êtes issus d’une promo très soudée. Ils en disent quoi vos camarades ?

BE : Ils sont tous super contents et fiers qu’on ait eu l’audace de se lancer. Et ça c’est très important pour nous. C’est une reconnaissance de nos pairs ! Ils commençaient à s’en douter avant qu’on fasse l’annonce officielle. Y’avait quelques infos qui filtraient juste avant qu’on investisse les réseaux sociaux. 
PCB : Ils ont envie qu’on réussisse et ils nous aideront dans ce sens. On a le soutien de tout le monde. Personne ne nous dit qu’on va droit dans le mur et c’est super plaisant.  

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