lundi 22 juillet 2013

21 first Century Digital Boy

J'en suis venu aux cultures numériques par le #digisport et le marketing digital. Docteur en STAPS, qualifié en géographie, j'ai d'abord travaillé sur la régulation économique du sport pro, c'est dire si je viens de loin. A l'évidence, je ne pas le bagage théorique des infocom'. Aussi, pour corriger cela, j'écoute fidèlement la Place de la toile animée par le remarquable Xavier de la Porte. L'émission intitulée "Vie intérieure des individus connectés" avait pour invitée Laurence Allard, Maîtresse de conférences IRCAV-Paris 3-Lille 3. Il faut absolument écouter comment elle s'applique à démonter les idées reçus sur les pratiques numériques.


Bad Religion avait tort

Au début des années 1990 le légendaire groupe Punk-Rock Bad Religion enregistre le titre 21 first century (digital boy). D'aucuns pourraient considérer les paroles comme prémonitoires. 
"Cuz I'm a 21st century digital boy
I don't know how to read but I've got a lot of toys"
Mais Bad Religion s'est trompé ou du moins n'avait pas tout à fait raison. Toujours est-il que les préjugés sur l'aire post digitale sont tenaces : les individus seraient hyper-conenctés. Rivés sur leur second-écran, ils ne communiqueraient plus et, en immersion dans des espaces numériques factices, ils en oublieraient "la réalité de la vraie vie". Le travail de Laurence Allard montre que les usages des nouveaux devices sont plus complexes en tous cas, ils ne sont pas une frontière entre l'online ou l'offline: on est dans l'un mais encore dans l'autre. Online et Offline s'articulent, s'invitent, se complètent, se nourrissent mais ne se vivent pas nécessairement l'un au détriment de l'autre. Songez par exemple à cela :
  • On dit des pré-ados qu'ils ne décrochent pas de leur portable et que les yeux collés à cet écran, ils ne voient pas le monde qui les entoure. A leur âge, dès le matin, j'avais les écouteurs de mon walkman aiwa autoreverse vissés aux oreilles et il était inutile de me parler. 
  • On s'effraie de voir de jeunes enfants utiliser naturellement une tablette. A leur âge, je pouvais programmer sans avoir lu la notice le magnétoscope du salon. 
  • Faut-il croire que deux personnes qui lisent un livre côte à côte serait plus noble que deux personnes qui  poursuivent la même activité mais sur une tablette? 
  • Enfin, j'apprécie l'exemple de Xavier de la Porte : n'avez vous jamais fait l'expérience de discuter avec un ami d'un sujet ou d'un autre et, dans le doute, d'aller chercher une information sur votre smartphone pour nourrir une conversation "bien réelle"? 



Présentation de l'émission

Il est parfois bon d’en revenir à des choses simples et de poser les questions que nous nous posons tous, les questions que nous nous posons entre nous et que nous nous posons à nous-mêmes. Le monde numérique est-il un autre monde ou s’entremêle-t-il à mon quotidien ? Quel usage fais-je de mes outils numériques ? A quel moment ? Où et dans quelle situation ? Quand et pourquoi je me déconnecte ? Pourquoi ai-je besoin parfois de prendre une photo ? Pourquoi est-ce que je la garde dans mon téléphone ? Pourquoi je l’envoie ? Et à qui ? Mes pratiques sont-elles fixées ou en constante évolution ? Pourquoi est-ce que, pour le même usage, j’utilise parfois mon téléphone, parfois mon ordinateur, parfois mon iPad ? Ces questions, et mille autres, font l’objet de constantes négociations, plus ou plus explicites, plus ou moins conscientes. Ces questions, 4 chercheurs les ont posées à un corpus d’usagers et d’usagères d’âge variés, de Paris et de sa région, mais aussi de Lisieux, Strasbourg, et leurs alentours. Des entretiens en longueur, ou à la volée, dont ces chercheurs ont tiré des conclusions qui parfois formulent des évidences qu’on ne s’était pas formulé, parfois sont étonnantes, contradictoires, mais qui donnent toujours à penser nos propres pratiques et celles de contemporains. Des conclusions qui convergent néanmoins vers point : notre vie intérieure, c’est là où se joue aujourd’hui notre relation à nos outils numériques.




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