samedi 31 mars 2012

WrestleMania : ce n'est pas une plaisanterie.

L'évènement marquant du week end n'est pas la somme des mauvais canulars du premier avril mais mais la plus belle des mascarades : WrestleMania XXVIII à Miami.

 

Et lorsque je dis "mascarade" ce n'est pas au sens figuré qui renvoie à une mise en scène trompeuse mais pour son sens premier : "un divertissement joué par des personnages déguisés". Alors oui, le spectacle de la World Wrestling Entertainment (WWE) est un peu factice, raison de plus pour essayer d'en comprendre ses ressorts avec un peu de légèreté. Pour déceler ce qu'est le catch en soi, il vous suffit de dévorer les excellents "cahiers du catch".



Mundus vult Decipi, Ergo Decipiatur

En complément, je reprends ici quelques extraits du chapitre "Be ready to be excited – Stratégie marketing et modèle économique de la WWE" que j'ai écrit dans Néo-marketing du sport - Regards croisés entre Europe et Amérique du Nord (ed : Michel Desbordes, André Richelieu). 

 
"Be ready to be excited, be ready to be entertained and be ready for anything", John Cena
Dans l’épisode intitulé « W.T.F. », les garçons de « South Park » décident de monter la Wrestling Takedown Federation après avoir assisté à un spectacle de la WWE. Tray Parker, le créateur de la série, parodie le catch et plus particulièrement la WWE en insistant sur la théâtralisation outrancière de ces spectacles qui prennent le pas sur les habiletés physiques des Superstars. Ce faisant, la série met en évidence une caractéristique fondamentale de ce divertissement : « Wrestling is drama ». 

Cela soulève de fait la question suivante : ce spectacle est-il vrai ou truqué ? Dans son autobiographie, le catcheur Mike Foley ne laisse planer aucun doute : « I’ll answer your question, or at least confirm your thoughts for you. Yes, wrestling is Entertainment, and no, I did,’t actually « win » the belt in the way that World Series or Super Bowls are won. » (Foley, 2001). Mais à vrai dire, la question de la véracité n’a aucune importance. Comme l’a détaillé Roland Barthes ("Le monde où l'on catche" dans Mythologies, 1957), peu importe aux spectateurs que le combat soit scénarisé, c’est un spectacle de l’excès qui emprunte son ressort dramatique aux tragédies grecques.
Il s’agit de jouer à croire et faire croire. Barnabé Mons (2009) rappelle que l’art du catch consiste à donner l’illusion des coups, à feindre de les donner avec conviction et de les recevoir avec douleur. Bret Hart, l’un des meilleurs catcheurs de l’histoire, explique que son art réside dans la façon de donner les coups de façon convaincante. La « plausibilité » (Believable) est une composante essentielle du combat de catch. Car, s’ils ne doutent jamais que le combat est arrangé, les fans adhérent aux émotions factices et surjouées des catcheurs et aux retournements de situation, tel qu’ils le feraient pour un vrai sport.
 Dans le magnifique documentaire wrestling with shadow, Bret Hart explique l'art du catch

Le récit et la narration étant déterminants dans le succès de ce divertissement, il faut alors considérer que le storytelling est le carburant du moteur expérientiel de la WWE. En effet, selon Christian Salmon (2007, pp. 16-17), le storytelling « plaque sur la réalité des récits artificiels, bloque les échanges, sature l’espace symbolique de séries et de stories. Il ne raconte pas l’expérience passée, il trace les conduites et oriente les flux d’émotions. (…) le storytelling met en place des engrenages narratifs, suivant lesquels les individus sont conduits à s’identifier à des modèles et à se conformer à des protocoles. »
Le spectacle de la WWE répond à un protocole vecteur d’émotions en fonction des rôles assignés à chacun (public, catcheurs, annonceurs, commentateurs). La WWE crée de l’expérience par la théâtralisation incessante de ses spectacles immergeant les spectateurs dans l’authentoc. Loin de susciter défiance ou résistance, le spectacle du catch nécessite l’adhésion du public qui fait semblant d’être dupé. Tout se passe comme si le public préférait le simulacre à la réalité. Pour reprendre l’expression de Christian Salmon (2007), nous pourrions dire de la WWE qu’à l’instar de Disney, elle est une industrie productrice d’émotions qui nous propose des fables collectives. C’est donc par ce positionnement singulier que la WWE est un spectacle et non un sport.

Quelques chiffres sur WreslteMania

  • L'année dernière, WrestleMania XXVII a attiré 71 617 dans le Georgia Dome d'Atlanta. L'événement qui se positionne comme "pop-culture extravaganza" a été diffusé en pay-per-view dans plus de 100 pays.
  • WM XXVII aurait généré un impact économique de 62,1M$ pour la ville d'Atlanta. 75% de spectateurs sont venus d'en dehors d'Atlanta (et de 30 pays) et 61% y sont restés 3 nuits ou plus.
  • Pour l'événement de demain, les billets ont été mis en vente en novembre dernier : les prix allaient de 25 à 850 $ et des  “Gold Circle” VIP Packages étaient disponibles à 1500$. 
  • Les affluences depuis WM XV : 
WM 15: First Union Center (Wachovia Center); Philadelphia, PA - 19,514
WM 16: Arrowhead Pond (Honda Center); Anaheim, CA - 18,742
WM 17: The Reliant Astrodome; Houston, TX - 67,925
WM 18: Skydome (Rogers Centre); Toronto, Ontario, Canada - 68,237
WM 19: Safeco Field; Seattle, WA - 54,097
WM 20: Madison Square Garden; New York, NY - 18,500
WM 21: STAPLES Center; Los Angeles, CA - 20,193
WM 22: Allstate Arena; Chicago, IL - 17,159
WM 23: Ford Field; Detroit, MI - 80,109
WM 24: Citrus Bowl; Orlando, FL - 74,635
WM 25: Reliant Stadium; Houston, TX - 72,744
WM 26: University of Phoenix Stadium; Glendale, AZ - 72,219
WM 27: Georgia Dome; Atlanta, GA - 71,617
WM 28: Sun Life Stadium; Miami, FL - ?
WM 29: MetLife Stadium; East Rutherfor, NJ- ?

J'aurai l'occasion de revenir plus en détail sur le modèle économique et marketing de la WWE. En attendant, j'espère avoir convaincu les sceptiques de se laisser tenter par la grande messe du catch qui constitue à mon sens, un must see du calendrier annuel du divertissement sportif US, au même titre que le superbowl ou le NBA All Star Game.


Au fait, je vous ai pas dit? 

Je pars aux Etats-Unis ce mois d'avril. Au programme quelques matches MLB, NHL et NBA. J'un déjà un billet pour les Knicks vs Clippers au MSG, comprenez donc que je vais voir J. Lin, C. Anthony, B. Griffin et C. Paul. Je serai aussi au premier week end de la Coachella. Je ne peux encore m'engager sur ma connectivité, mais je m'appliquerai au mieux à partager mes expériences sur mon compte twitter @bhelleu.

samedi 24 mars 2012

Après les rencontres de l'UCPF, quelques réflexions sur le sport et les social media

Quelques données issues du rapport UCPF/Ernst & Young
Le jeudi 22 mars au Stade de France, l'Union des Clubs Professionnels de Football (UCPF) organisait les premières rencontres du football professionnel. Présidé par Jean-Pierre Louvel (Le Havre AC), succédant à Gervais Martel (RC Lens), L'UCPF est l'organe représentatif des clubs professionnels et de leurs présidents. Le site officiel de l'UCPF est d'ailleurs bien documenté : la lecture du mag "Profession Football" est plutôt utile pour quiconque souhaite appréhender l'environnement du foot pro. C'est à l'initiative de l'UCPF que l'on doit le rapport "des clubs et des hommes" (PDF) qui souligne l'impact économique et social du football pro. De ce point de vu, nous recommandons une lecture attentionnée et critique en rappelant qu'un rapport de la cour des comptes de 2009 pointait sévèrement les modalités de soutien des collectivités territoriales aux clubs professionnels. 

du beau monde
Dans l'équipe du 22 mars, Jean-Pierre Louvel contextualise ces rencontres :  depuis Knysna l'image du foot de haut niveau est "écornée", le fardeau fiscale est de plus en plus lourd, on a pas encore les stades, la formation à la française n'assure plus un avantage compétitif, François Hollande y va de ses 75% alors même que le foot pro est solidaire (en interne entre la L1 et la L2 par les mécanismes de redistribution des droits TV et en externe vers le foot et le sport amateur), ajoutez à cela que la France pointe désormais à la sixième place du classement UEFA. C'est à se demander si nous allons conserver notre place dans le Big5 à moins qu'il ne s'agisse déjà plus que d'un Big4 et que la France sombre inexorablement dans la seconde division du foot continental.
En introduction de la journée, Frédéric Thiriez, Président de la LFP, se déclarait "en campagne" pour défendre le foot contre l'acharnement qu'il subit, bouc-émissaire idéal en temps de crise. Nathalie Iannetta qui assurait l'animation le brocardait gentiment en le comparant à un mixte de Mélanchon et Coppé avec des moustaches. La matinée consacrée à 4 ateliers pouvait commencer (le programme ) : 
  • Clubs et médias
  • Clubs et compétitivité économique
  • Clubs et pouvoirs publics
  • Clubs et compétitivité sportive
oui oui j'y étais !
Le compte rendu assuré dans l'équipe du 23 mars accordait une large place à la dimension sportive, quoique, à mon humble avis, cela n'était pas le plus intéressant des débats.
Car, faut-il le rappeler, la réflexion sur les leviers de croissance du football favorisant une compétitivité économique et donc sportive est engagée depuis longtemps. Vous souvenez vous du rapport Besson de 2008 "Accroître la compétitivité des clubs de football professionnel français" ou encore de l'ambitieux plan Thiriez "FootPro 2012" qui visait à faire du championnat de France le troisième à l'indice UEFA, qu'un club français gagne la Ligue des Champions d'ici 2012, que 50% des joueurs de L1 soient internationaux, que 15 stades soient rénovés, que 25% de la recette des clubs proviennent de la billetterie etc. et cela avant 2012. 

Bref, mon camarade caennais Ludovic Lestrelin (@lestrelin) allait assister à la table ronde "clubs et pouvoirs publics", Nicolas Scelles (@scenic82) se dirigeait vers "clubs et compétitivité sportive", tandis que je préférais la table ronde "clubs et médias" animée par MM. Seydoux et Cayzac.

On y remarquait la présence de  Nasser al-Khelaïfi, Charles Bietry, Daniel Bilalian, Hervé Mathoux, Fabrice Jouhaud... Hubert Artus (@hubartus89) s'est appliqué à rappeler la dimension culturelle du foot (je fais de la pub pour son bouquin ! ), @marypatrux et @1darrentulett balançaient quelques tweets et moi je m'impatientais, qu'entre Médias et Clubs, on ne parle pas du client, du consommateur, du supporter, du fan, de l'usager, du lecteur, auditeur, (télé)spectateur, appelez ça comme vous voulez, mais en bref du public. 

Arrive enfin le moment dédié au numérique et je dois dire avoir été quelque peu surpris par la méconnaissance qu'ont les dirigeants pour le social media comme outil stratégique de développement par sa capacité à optimiser une fan experience digitale. Je ne sais pas si tout le monde autour de la table avait en tête ces quelques données sur le digital fan nord-américain :

Selon Kwarter
  • Les stades sont les seconds lieux dans lesquels les fans se géolocalisent
  • 40% des fans se déclarent l’être plus encore depuis qu’ils suivent leur sport sur les réseaux sociaux

Selon GMRmarketing
  • 81% des gens envisagent internet comme la meilleure source d’information sur le sport (41 % twitter/Facebook – 40% websites). 
  • Devant un match à la télé : 83% consultent les réseaux sociaux
  • Dans le stade : 63% consultent les réseaux sociaux

Selon National Survey commissioned by Motricity
  • 79% des sports fans ont utilisé leur Smartphone en 2011 pour suivre ou regarder du sport
  • 87% d’entre eux consultent leur Smartphone à un moment inapproprié (en réunion, en rendez-vous)
  • 50% prétextent aller aux toilettes pour consulter le score. 
  • 1/3 des sports fans qui utilisent leur Smartphone vont double task lors d’un autre divertissement (cinéma, concert…)
Sans oublier que (faut-il commenter?) :

Source : http://www.sportsfangraph.com/, relevé le 19 mars 2012

C'est un grand pas en avant que d'enfin considérer le match comme une expérience comme l'a indiqué Jean-Claude Blanc (peut-être mes étudiants saisissent-ils maintenant l'intérêt du cours de marketing expérientiel) : 

"Le stade ne doit pas seulement exister, il doit être conçu autour du spectateur. L'expérience du spectateur commence avant d'arriver au stade, quand il commande son billet. Il doit être mieux traité. L'expérience du spectateur, c'est voir un spectacle de qualité, vivre un avant-match positif, et au retour retrouver sa voiture là où il l'a laissée ou avoir un accès facile aux transports en commun"


Cela dit, ce serait une erreur stratégique de considérer que le spectacle sportif est limité au stade ou à la télé. L’expérience stade ou le matchday experience  trouve maintenant des extensions digitales. Car le spectacle sportif ne doit plus être seulement vu mais vécu. A quoi bon ressentir des émotions si on ne peut les partager dans l'instant même?

Aux prémices de l’internet, le site officiel d’un club générait de l’information et du multimédia : score, fiches de joueurs, histoire du club, informations sportives, interview exclusive, photos et vidéos. Puis, le fans ont pu prendre la parole pour discuter entre eux (internet forum) et dialoguer ponctuellement avec les personnalités du club (chatroom). Enfin, les fans sont en mesure de générer du contenu directement lié à leur club favori (partager des photos, des vidéos, des informations et des émotions) mais aussi d'interagir (entre eux, avec le club, avec des sportifs). Le club n’est plus le seul dépositaire de sa présence numérique. Engagé activement dans sa relation à son club favori, le fan étend son domaine de l’expérience au delà du stade pour la digitaliser : se géolocaliser dans le stade sur foursquare, suivre l'évolution des scores sur twitter, partager une émotion sur facebook, diffuser des photos sur instagram, revoir un ralenti sur une plateforme vidéo : voilà des pratiques émergentes mais en pleine croissance.





Expérience digitale vécue au Stade d'Ornano (Caen), via Instagram

oui oui je suis Mayor du Stade d'Ornano !


Dorénavant, l'organisateur de spectacle sportif doit prendre cela en compte. En février 2012, lors de son All-Star Week End, la NBA a mis en place une solution multiplateforme pour optimiser le digital Fan Experience. Le NBA.com Social Spotlight agrégeait des tweets de fans, des photos et des vidéos.  Le NBA all-star pulse, mesurait l’activité digitale de l’événement. Les fans ont été impliqués puisqu’ils ont désigné le vainqueur en utilisant le hashtag #SpriteSlam sur Twitter.
Ce faisant, la NBA encourage ses fans à produire du contenu. Car la ligue nord-américaine a compris qu'elle pouvait numériquement mobiliser ses fans de part le monde autour d'un évènement ponctuellement localisé. Plus encore, ces fans loyaux participent de fait à la promotion et la diffusion de la marque NBA auprès de leurs pairs. 

Melissa Rosenthal Brenner, la NBA Vice President of Marketing déclare donc :
"Our mission for All-Star is the same as our goal every day of the year, which is to enhance our fans' engagement and enjoyment of the game. And that's really what social media is for us. It's a way for fans to interact with each other on a global basis. We look at everything from trending topics to individual post engagement on Facebook, as well the volume and sentiment of mentions across all platforms," Rosenthal Brenner added. We'll put out a pretty robust analysis post All-Star on volume, sentiment, as well as key tweets or Facebook status updates that really tell the story of what fans feel about our game and feel about the event itself."


Allons plus loin encore : alors que des clubs français se demandent s'il est nécessaire d'équiper leurs stades en wifi, des stades 2.0 voient le jour.
Voyez le Livestrong Sporting Park de Kansas City.



Disons le franchement, les clubs français sont déjà en retard. Il est périlleux de considérer qu'une page facebook fait bien l'affaire. Il y a tellement à faire pour favoriser la proximité avec ses fans, l'interactivité, et l'activation. Et pour cela, nulle besoin d'être un club riche ou une grande ligue internationale. Pour vous en convaincre, parcourez ces sites spécialisés sur le sport et le digital : 




SportBizInside (mon camarade @karoutcm)


A quand un maillot de l'OM floqué @10APG ?


Bien entendu il existe en France des initiatives, relayées par exemple par Sport Numericus, mais les clubs français ont-il pris la mesure du retard accumulé? Ont-ils saisi qu'une stratégie digitale favorisait leur visibilité à l'international, optimisait leur CRM, faisait de leurs fans les plus fidèles les co-producteurs de la marque? Et que pour cela il fallait des moyens humains et des solutions techniques qui aillent au delà du community manager stagiaire ou du M-Stadium qui se contente pour l'essentiel de dématérialiser le billet?

Pendant la table ronde je remarquais malicieusement que Darren Tullet avait plus de followers (24 226) que les clubs de L1 n'avaient d'abonnés. Si Darren était un club, il serait 4ème en affluence derrière Paris, Marseille et Lyon mais devant tous les autres ! Ce à quoi on m'a rétorqué "oui mais combien paient ses followers?!". Peut-être le problème est-il justement d'aborder le digital par le prisme du monetize, du ROI et du revenu potentiel. Peut-être les clubs français entameront leur mutation numérique lorsqu'ils auront compris que ce qui ne génère pas de revenus directs n'est pas pour autant sans valeur.


Je vous donne rendez-vous jeudi 29 mars dès 9h00 pour la deuxième édition des assises sporsora (@sporsora). Le programme est passionnant et j'assurerai un live tweet.

vendredi 16 mars 2012

L'encarté : les quarts de finales de la C1

Aujourd'hui à 12h00 aura lieu le tirage au sort des quarts de finales de la C1 dans laquelle sont encore engagés 8 clubs de 7 pays. On l'a dit et répété, l'Olympique de Marseille retrouve ce niveau de la compétition pour la première fois depuis 1993. L'occasion pour moi d'exhumer de mes archives une carte sur l'accès des clubs en quarts de la C1. 

Je le concède, les dernières saisons ne sont pas analysées cela-dit, l'information géographique est évidente : nous assistons à une métropolisation de la performance sportive. Les clubs historiques d'Europe de l'Est sont évincés au profits des grands clubs du Big Five.

Concentration de l'accès en quarts de finales de la Ligue des Champions
Cliquer pour agrandir - la taille du cercle correspond à la taille de la ville et la couleur au nombre d'apparitions en quarts.
Pourtant, en 2006, l’UEFA publie une résolution dont le second point stipule : « Le football est synonyme d’équité, d’opportunité, de passion et de diversité. Ce n'est pas un sport fermé, auquel seuls les riches et les puissants peuvent participer. L'UEFA ne tolérera pas une structure ou un système où les petits clubs, les petites associations et leurs supporters n'ont aucune chance de réaliser leurs rêves. Cela n'est pas compatible avec les idéaux de l'UEFA, de l'Europe et du football. » Il s’agit là d’un point crucial puisque dès l’année suivante, à l’occasion d’une table ronde UEFA/Centre de Droit et d’Economie du Sport de Limoges (CDES), des inquiétudes sont exprimées sur « les opportunités qu’ont les petits clubs et pays de prendre part à une compétition telle que l’UEFA Champions League [...] et le besoin de maintenir l’équilibre crucial entre les critères sportifs et les réalités économiques et commerciales. »

Il faut rappeler que sous la pression des plus grands clubs soucieux d’assurer des revenus par une formule de compétition plus stable que l’élimination directe, l’UEFA a consenti à modifier le format de ses coupes. Le premier changement intervient lors de la saison 1992-1993. La Coupe des clubs champions est remplacée par la Ligue des champions, laquelle combine dorénavant une phase de poules et une phase en élimination directe. En 1997-1998, en réaction au projet de ligue fermée de Media Partners, l’UEFA autorise l’accès à la ligue aux vice-champions des huit pays les mieux classés à l’indice UEFA. Actuellement, la C1 est composée de 3 tours qualificatifs, de matchs de barrage, d’une phase de poule où 32 équipes sont réparties dans 8 groupes puis d’une phase à élimination directe (des huitièmes de finale à la finale). Ce format permet tout à la fois de faire participer des clubs mineurs de petites fédérations (cette année, le FC Santa Coloma - Andorre - a joué le premier tour qualificatif, comme le Valetta FC - Malte) mais de réduire l'incertitude sportive de sorte que la majorité des gros soit là lorsque les choses deviennent sérieuses.

C'est l'idée que j'avais défendu dans un entretien accordé à Jérôme Latta sur son blog une balle dans le pied. Dans ce champ des possibles ou le vainqueur présumé relève à coup sur de 5 ou 6 clubs de 3 à 4 pays, saluons le parcours de l'Apoel FC, parvenu en quarts après avoir sorti les Albanais du KS Skënderbeu lors du second tour qualificatif, le Slovan Bratislava (Slovaquie) lors du troisième, le Wisla Cracovie (Pologne) en match de barrage, pour finalement éliminer Lyon en huitièmes après être sorti premier d'une poule où figuraient le Zenit, le FC Porto, et le Shaktar, trois clubs vainqueurs de trophées continentaux ces dernières années.

Un parcours qui rappelle celui d'un autre club Chypriote : en 2007-2008, Famagousta manque de peu les huitièmes de finales après, engagé dans la compétition dès le 1er tour qualificatif. Malgré cet exploit, rappelons qu'en 2007, l'économiste du sport Jean-François Bourg disait déjà : « on parle depuis des années de la création d’une ligue européenne de foot fermée. Mais elle existe de manière insidieuse. Les quarts de finalistes de la Ligue des champions sont toujours les mêmes. » (source)

lundi 5 mars 2012

Sport en Séries : The League

Croyez le ou non, j'incite régulièrement mes étudiants à regarder des séries. Il s'agit de les inviter à dépasser les productions des grosses network et de leur montrer qu'il existe un monde au delà de House et du Mentalist. Car certaines séries plus confidentielles sont ancrées dans le champ sportif et fournissent l'occasion de mieux cerner des éléments développés dans le cadre de cours d'économie ou de marketing du sport. 
En regardant Friday Night Lights on décèle l'importance du football dans la culture texane, suivre les aventures de Kenny Powers c'est naviguer dans le système des ligues mineures de baseball, on peut se préparer aux JO de Londres en visionnant Twenty Twelve, découvrir les méandres de la boxe dans Light Outs
Enfin, il faudrait rappeler qu'Aaron Sorkin, plébiscité à juste titre pour The West Wing, The Social Network, et dernièrement Moneyball, a impulsé sa carrière avec la série Sports Night. Même la petite maison dans la prairie a eu le droit à son épisode "football" ! (si vous avez 45 minutes devant vous, découvrez l'épisode "The Winoka Warriors")



C'est dans cet esprit que je voudrais vous faire découvrir l'une de mes séries favorites. Voici donc 5 bonnes raisons de regarder The League.



1. La série raconte les aventures et déconvenues de 6 amis engagés dans une Fantasy Football League, luttant pour le titre suprême : le Shiva Bowl. Ces ligues virtuelles sont en plein développement avec leurs experts, leurs champions, leurs émissions TV, leurs pub. Plus de 30 millions de joueurs s'adonneraient à ce hobby en Amérique du Nord. 





2. Ainsi, regarder The League permet d'appréhender le devenir de ligues similaires qui se mettent en place en Europe. Voyez la récente Fantasy League de la LFP et ou encore la version Euro2012 lancée cette semaine par l'UEFA. 

3. Lorsque les sports fans constituent leur équipe et les modifient en prévision de la prochaine journée de championnat, ils étendent les moments d'émotions qui les lient à une ligue, une équipe ou des sportifs au delà du match. Cela est mis en avant dans l'ouvrage de Marketing du Sport de référence The Elusive Fan (par Rein, Kotler - oui oui LE Kotler - et Shields). Ecoutez donc le podcast que les auteurs consacrent aux ligues virtuelles : Fantasy Sports : Now at Home, School, and Work


4. Chad Ochocinco, receveur des New England Patriots, y fait une apparition dans l'épisode 1 de la saison 2. Vous ne le connaissez pas? CNBC l'a élu sportif le plus influent sur les réseaux sociaux en 2011. @ochocinco c'est 3,2 millions de followers et plus de 33 000 tweets !


5. Enfin, cette comédie est hilarante. Jeff Schaffer qui a créé la série a participé, excusez du peu, à Seinfeld et Curb Your Enthusiasm. On retrouve Jon Lajoie dans la casting. Je crois que la série est classifiée TVMA (Mature Audience Only) ce qui rassure sur la férocité d'un humour moins convenu que celui pratiqué dans de la sitcom familiale.

Alors, are you in the League? 



Pour aller plus loin :